Le 29 septembre, le ministère a lancé officiellement des concertations locales en écoles et établissements dans le cadre du Conseil national de la Refondation (CNR). Le Sgen-CFDT n’en rejette pas a priori le principe après cinq ans de verticalité effrénée.

FAIRE (ENFIN) CONFIANCE AUX ACTEURS ?

Des concertations ? Après 5 ans de verticalité ? Le Sgen-CFDT déclarait au CSE de juillet 2020, juste après le déconfinement : « La période a mis en lumière la puissance créatrice des acteurs de terrain qui demeurent les mieux armés pour trouver localement les solutions adaptées à leur public et à leur territoire (…) L’année 2019-2020 a confirmé l’épuisement du modèle de pilotage par les procédures définies nationalement dans leurs moindres détails. Non seulement elles ne garantissent pas l’égalité républicaine, mais de plus, elles se révèlent très peu résilientes face aux crises. S’il y a une inflexion à attendre de l’après-crise, elle est bien à ce niveau-là. »

Mais cette inflexion ne s’est pas produite.

Le ministère est revenu au pilotage descendant, par circulaires, « comme si de rien n’était », avec d’ailleurs l’assentiment d’une partie des organisations syndicales. Deux ans plus tard, le constat est là : ce modèle est délétère, car il épuise les acteurs et entretient la défiance.

Dans ce contexte, les concertations locales autour du sujet des conditions de la réussite des élèves peuvent être une opportunité à saisir.

UN CADRE DES CONCERTATIONS TRÈS (TROP ?) SOUPLE

Le guide « Notre école, faisons-la ensemble » insiste sur le caractère souple de la démarche. Il n’y a pas d’obligation, pas de date butoir, pas de modalités imposées. C’est une manière réaliste de prendre en compte la fatigue générale des personnels.

Ce guide préconise aussi de libérer des temps pour permettre la concertation. Mais avec une contradiction majeure. Il est en effet prévu de banaliser deux jours dans le 2d degré, mais pas dans le 1er degré où il faudra de piocher une nouvelle fois dans les 108 heures. Or, elles ont explosé depuis longtemps avec les temps consacrés aux familles ou aux équipes éducatives… Le Sgen-CFDT continue à demander que des journées puissent également être banalisées dans les écoles.

La souplesse affichée présente néanmoins une limite majeure. L’innovation démocratique ne peut en effet se passer d’une méthodologie rigoureuse et d’une évaluation anticipée pour éviter toute instrumentalisation politique et permettre à tous les acteurs, y compris les publics plus éloignés des institutions, d’accéder à la participation.

La démocratie participative doit permettre de sortir du court-termisme. Mais cet objectif risque d’être compromis par l’improvisation. On a pu notamment le constater avec le budget consacré au Fonds d’innovation pédagogique passé de 500 millions par an à 500 millions sur 5 ans…

ACCOMPAGNER SYNDICALEMENT LES ÉQUIPES

Le cadre proposé a donc de vraies limites, mais peut néanmoins être utile.

Il peut en effet permettre de trouver enfin le temps d’un dialogue professionnel pour commencer à reconstituer des collectifs de travail mis à mal.

Il peut aussi permettre de retisser des liens avec les communautés éducatives et les partenaires de l’école pour réfléchir à des projets éducatifs territoriaux qui ne considèrent pas les acteurs locaux comme de simples prestataires de l’État.

Le Sgen-CFDT ne va pas lancer un mot d’ordre national pour ou contre ces concertations. C’est une question de cohérence après avoir dénoncé pendant cinq les injonctions descendantes du précédent ministère. Il sera au plus près des équipes pour les conseiller et les accompagner dans la démarche qu’elles auront choisie.

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